Julie Carmier, entrepreneuse engagée, nous livre avec sincérité et passion son parcours atypique. Fondatrice de Wanteed, elle mise sur l’humain et l’innovation pour valoriser les talents au-delà des diplômes. Soutenue par des incubateurs comme WILLA et Paris & Co, elle illustre la force du réseau et de la persévérance.
Des échanges directs et inspirants, sans détours ni clichés : bienvenue dans cette nouvelle interview de L’ Archipel.
- Derrière la création d’entreprise, derrière tout projet, il y a des personnes… et si on en parlait ! Racontez-vous ! (Vie perso, parcours, violon d’Ingres …)
- Alors, c’est quoi votre projet fou, on sort du pitch, on prend le temps, on parle vrai : origine, proposition de valeur, objectifs.
- On se livre : aléas et vicissitudes de l’aventure entrepreneuriale, le bon, le moins bon et l’après désiré …
- L’incubation, ça a du bon ? Partagez votre expérience avec Paris&Co
Merci à Julie Carmier d’avoir répondu à nos questions. Vous pouvez également retrouvez toutes nos autres interviews ici !
Derrière la création d’entreprise, derrière tout projet, il y a des personnes… et si on en parlait ! Racontez-vous ! (Vie perso, parcours, violon d’Ingres…)
Je m’appelle Julie CARMIER et j’ai commencé ma carrière professionnelle à Paris en tant que responsable du développement dans hôtellerie de luxe. J’avais également la charge du recrutement de mes équipes, ce qui aura une importance capitale dans mon parcours et mon projet de start-up : Wanteed.
L’hôtellerie, un peu comme la restauration, ne sont pas des milieux faciles en termes de recrutement. Il faut déjà trouver des candidats, et ensuite les fidéliser, ce qui n’est pas une mince affaire dans ces secteurs d’activité.
Après 5 années passées dans le secteur, j’ai décidé de me lancer à mon compte dans le développement marketing et commercial pour les TPE/PME. Mon lancement a été bon, avec une bonne proposition de valeur. J’avais là encore un volet de compétences en ressources humaines que je mettais à disposition de mes clients.
Cela marchait plutôt bien, jusqu’au COVID. Comme beaucoup de monde, j’ai connu un brusque arrêt de mon activité, mes clients étaient en effet les premiers touchés par cette crise. J’ai connu une grande période d’incertitude, et eu mon lot de questionnements existentiels que l’on est beaucoup à avoir partagé : je repars dans le salariat ? Je continue mon projet ? C’était une période difficile, où je ne savais plus sur quel pied danser.
Quand j’ai décidé de regarder un peu les offres d’emploi qui s’offraient à moi, je me suis retrouvée confrontée à un biais cognitif des recruteurs auquel je ne m’attendais pas : mon expérience dans le freelancing, pourtant très riche à tous niveaux, était pour beaucoup comme un trou dans mon CV, le statut de la micro-entreprise véhiculait même parfois une image négative.
Ça a été un déclencheur pour moi. Comment pouvait-on encore aujourd’hui valoriser aussi peu les compétences des personnes ? Pourquoi les diplômes restaient prédominants dans le processus de recrutement ? Pourquoi autant d’entreprises étaient confrontées à des difficultés de recrutement alors qu’autant de personnes peinaient à retrouver un emploi ?
J’ai continué mon raisonnement, et tiré le fil jusqu’au bout : et si notre modèle de recrutement n’était plus adapté à notre système actuel ? Un process trop rigide ? Trop long ?
Je sentais que je tenais quelque chose, j’ai creusé le sujet !
J’ai commencé à faire une étude de marché, à échanger avec des entreprises pour comprendre leurs besoins post covid, notamment en matière de recrutement. En 2022, il y avait 2,3 millions de chômeurs pour le même nombre d’offres d’emploi. Les postes opérationnels étaient les plus touchés : l’hôtellerie, la vente, l’assistanat, l’aide à domicile. Cela allait dans le sens de ma réflexion : en général, il n’y a pas besoin de diplômes pour exercer ces métiers : les compétences suffisent.
Mon projet s’affine alors : métiers en tension, où il n’y a pas besoin de diplômes, ma question était finalement : comment connecter l’offre (d’emploi) et la demande (de travail).
Idée folle : pourquoi ne pas créer une application pour des métiers en tension pour lesquels un diplôme n’est pas nécessaire pour exercer, qui met en avant les compétences professionnelles et humaines des candidats et qui faciliterait le processus de recrutement pour les entreprises ? Wanteed était né !
Je savais par expérience et grâce à mon étude de marché que le modèle du recrutement à la française n’était pas assez flexible. En général, notamment avec les jobs board, les entreprises sont contraintes par une pile de CV et parfois amenées à faire « le moins mauvais choix » quand elles recrutent. Avec Wanteed, on sort du cadre et les recruteurs choisissent. Vraiment 😉.
Alors, c’est quoi votre projet fou, on sort du pitch, on prend le temps, on parle vrai : origine, proposition de valeur, objectifs …
Si je devais résumer Wanteed en une phrase, je dirais que c’est une application de rencontre des besoins.
L’application est composée d’un filtre de recherche par métier (serveur par exemple), avec les compétences professionnelles liées au métier : gestion de caisse, linguistique éventuellement, compétences humaines (ou soft skills), comme fibre sociale.
Dans certains métiers, la satisfaction client est particulièrement importante, donc si tu as la fibre sociale, le service te correspondra mieux. Le recruteur a ensuite la possibilité de demander l’expérience professionnelle qui justifie la compétence mise en avant.
Concrètement l’application est une sorte de miroir entre les besoins des recruteurs et des candidats :
- En tant que recruteur, tu recherches un vendeur, avec des compétences liées à ce métier, tu cliques sur tes besoins et l’algorithme va tourner : Wanteed va proposer une base de données variée et cohérente par rapport au profil recherché ;
- En tant que candidat, tu sélectionnes tes compétences sur l’application, entre 12 et 20 par exemple, et cela te permettra d’apparaître dans les recherches des recruteurs en fonction de leurs besoins.
Le recruteur peut alors liker un profil qui correspond à ses attentes. S’il ne le fait pas, ce dernier n’apparaîtra plus, pour faciliter les choix ultérieurs.
S’il le fait, le candidat voit le like et l’entreprise qui l’a liké, et a accès à une fiche de l’entreprise. On reste dans l’effet miroir : il peut liker à son tour, et s’il le fait, il peut laisser ses coordonnées.
Une idée importante de Wanteed est à la fois de valoriser la marque employeur ET le candidat. Si un profil est liké, la personne peut se dire : « on m’a liké pour mes compétences ». Cela change pas mal de choses quand tu te rends à un entretien d’embauche en sachant cela.
Une autre particularité est que tout fonctionne « en clic », c’est-à-dire que l’utilisateur va choisir entre plusieurs propositions et filtrer ses besoins petit à petit. Il n’y a pas de champ libre : 50 métiers différents sont proposés, pour lesquels un diplôme n’est pas nécessaire pour exercer.
La particularité est que les compétences proposées sont mobilisables sur les 50 métiers proposés, c’est un peu comme une grille de classification commune de compétences par rapport à des métiers dans des secteurs en tension.
Tous les types de « contrats » sont possibles, les recherche peuvent être en CDD, CDI, alternance, freelance, ou même en stage !
Enfin, Wanteed va à l’essentiel : ce que le recruteur va voir quand il va faire sa recherche, c’est les compétences nécessaires pour son job, pas de nom de famille, pas d’adresse postale, pas d’âge et évidemment pas de diplômes, et donc une élimination progressive des biais cognitifs. On y revient.
L’application a été créée en no code, et elle sera sur les stores très bientôt, sur Google play et Apple store. Elle est immédiatement commercialisable avec une version freemium aussi, pour montrer à quoi ça ressemble, avec des fonctionnalités réduites. Mais cette version permet déjà aux entreprises de pouvoir recruter via l’app.
Les prix que nous proposons sont plutôt attractifs par rapport aux coûts du dépôt d’une offre sur un job board classique : on peut être amené à payer jusqu’à 630€ HT sur Monster pour la publication d’une seule offre d’emploi.
Chez Wanteed, on propose trois types d’abonnement dont le prix ne change pas quel que soit le nombre d’embauches réalisé par mois :
- Abonnement pour 1 mois : 349 euros HT ;
- Abonnement pour 3 mois consécutifs : 899 euros HT soit un peu moins de 300 euros par mois ;
- Abonnement pour 12 mois consécutifs : 199 euros HT par mois sur 12 mois.
Le potentiel client est en réalité infini, tout le monde peut être intéressé, c’est une question d’acculturation à l’utilisation d’un nouvel outil pour le recrutement. Mais une fois testé, je sais que ce sera approuvé (Rires).
Une dernière précision : Wanteed est certes une appli moderne qui facilite le recrutement grâce à l’utilisation des outils numériques mais j’insiste ce n’est pas de l’IA ! Ce n’est pas un simple matching. Le recruteur garde la main jusqu’au bout : il va juger sur les compétences dont il a besoin, il reste en décision. L’algorithme est simplement une aide pour assurer la pertinence de sa recherche.
On se livre : aléas et vicissitudes de l’aventure entrepreneuriale, le bon, le moins bon, et l’après désiré …
En à peine deux ans, j’ai vécu beaucoup de choses et je suis passée par pas mal de phases différentes. On peut même dire que j’ai connu les montagnes russes (Rires).
Les débuts de la création de Wanteed étaient plutôt faciles pour moi. J’ai fait un Master 1 en management des PME, et un Master 2 en marketing, communication et stratégie commerciale. Créer un business plan, en clair, c’était mon métier, et construire une stratégie de communication, pareil.
Au cours de mon parcours, j’ai rencontré quelqu’un qui avait une entreprise à la the Family, qui accompagnait les starts up dans le lancement de leur projet. Je sentais que j’arrivais à la limite de mes compétences, et qu’un « next step » était nécessaire.
Notre « partenariat » est plutôt bien parti, : pour monter la boîte, j’ai eu des premiers investisseurs qui ont mis un ticket de 30 000 euros, ce qui est déjà pas mal. La deuxième étape a été plus compliquée. Le projet a commencé à stagner, cela ne se développait plus et les difficultés commençaient à s’accumuler.
Heureusement j’ai toujours eu des amies extra ! C’est important dans nos aventures entrepreneuriales d’être bien entouré ! Elles m’ont poussé à chercher un nouvel incubateur plus en phase avec mes valeurs, mon projet, et mes besoins.
Ça a l’air facile dit comme ça mais pour moi ce cap a été très difficile. C’est très personnel en réalité d’entreprendre, quand ton projet est « remis en cause », tu te sens remis en cause également.
J’ai donc contacté, fort de ces conseils, plusieurs incubateurs publics, comme WILLA, entreprenariat féminin, BIC Montpelier, Paris&Co, la Ruche…
WILLA m’a sélectionnée, et cela a changé ma vie. J’ai bénéficié d’un super accompagnement. C’est difficile d’être une femme entrepreneure, tu obtiens plus difficilement des investissements, surtout quand tu n’as pas d’associé, là encore les biais cognitifs ont la vie dure !
Cela m’a remis un pied à l’étrier, j’ai rencontré des experts incroyables, notamment une avocate qui a sécurisé tout mon projet et m’a prodigué de merveilleux conseils.
Il faut être bien entouré, on ne le dira jamais assez !
J’ai d’abord passé 6 mois chez WILLA, en programme start qui te permet d’amorcer ton projet. A la fin de cette période j’ai postulé chez Paris&Co qui m’ont prise. Et là, depuis septembre, je suis en train de passer un nouveau cap ! Alors c’est certain qu’il faut rester motivée, il faut être pugnace. Mon mantra : on ne lâche pas ! Sinon la remise en cause quotidienne est trop importante.
L’incubation, ça a du bon ? Partagez votre expérience avec Paris&Co
Depuis que j’ai intégré Paris&Co, j’ai senti un nouvel élan. Déjà notre référent Amokrane est vraiment au top, et plus globalement tu vois la montée en puissance. Avant c’était une phase de lancement, là c’est une phase de confrontation à la réalité je dirais, tu es chalengé par des professionnels, tu mets un pied dans le grand bain. Là on croit en ton projet tu le sens, et on te met en relation avec le concret : c’est génialissime.
Les partenaires ont un intérêt à être là, donc ils sont à l’écoute, vraiment intéressés, ce n’est pas de la startup friendly pour du vent.
Je le disais, on bénéficie d’un super suivi : on te permet de nouer des liens, créer des ponts, on te relance pour tel ou tel sujet. La dynamique est très positive : ça te booste. On peut vite être enfermé dans notre quotidien d’entrepreneurs, avoir la tête dans le guidon. Et là, concrètement tu n’es plus seule dans ton quotidien.
Paris&Co, c’est une assise, cela t’assure une crédibilité : c’est clairement un gage de valeur.
On attend le lancement maintenant, n’hésitez pas à tester l’app dès qu’elle sortira dans les stores 😉.
Vous pouvez également retrouver toutes nos anciennes interviews ici !