Après avoir exploré la micro-entreprise et l’entreprise individuelle classique dans notre Partie 1, tu as normalement une meilleure compréhension de ce qui différencie ces deux options. Poursuivons notre tour d’horizon des statuts qui te permettent de te lancer en freelance en 2023.
Et pourquoi pas rêver plus grand que l’EI ? La création d’une société pour exercer mon activité en freelance ? Bonne ou mauvaise idée ? Dans cette deuxième partie, nous partons à la découverte de l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et de la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle). Let’s go !
L’EURL : une vision pérenne de son activité
Quand tu veux exercer ton activité en freelance, tu peux faire le choix de créer une société unipersonnelle. Unipersonnelle car elle est détenue par un associé unique : toi.
Tu peux t’offrir le luxe de créer une EI sans savoir si ton activité sera pérenne. Je te le déconseille en revanche si tu veux créer une société . Si tu es susceptible de reprendre un poste de salarié dans 3 mois, oublie l’option société.
Les formalités de création sont bien trop lourdes.
Pour te faire une idée, on t’a préparé avec nos amies d’A Savoir Egal, un petit guide des étapes pour créer une société (EURL ou SASU).
Au niveau du statut social, un dirigeant d’EURL est un travailleur non salarié. Au final, quasi aucune différence ici avec une EI classique donc ne nous attardons pas là-dessus.
Pour moi le plus gros changement par rapport à l’EI c’est le fait que tu crées une personne morale distincte de toi, qui dispose de son propre patrimoine (le capital social que tu injectes dans la société au départ).
Quand tu choisis l’EURL, tu es donc dans une dynamique différente de l’EI. Tu peux choisir de faire entrer un associé au capital de ta société, tu peux transmettre ou vendre ta société.
Cette distinction a aussi un impact dans la gestion de ton entreprise.
En EURL, tu peux opter pour une imposition à l’IR (impôt sur le revenu) ou à l’IS (impôt sur les sociétés). A l’IR, tu es sur un fonctionnement proche de l’entreprise individuelle. Impossible de piloter ta rémunération et les cotisations sociales afférentes à celle-ci. Même si tu ne te verses pas de rémunération, tu devras toujours payer des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu sur ton bénéfice professionnel.
Si tu optes pour une imposition à l’IS, en revanche, tu peux choisir de te rémunérer ou non. Et en fonction de ta décision, tu paieras ou non de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales. Tu es ainsi beaucoup plus libre pour piloter ta rémunération ce qui est peut-être intéressant si tu veux te constituer de la trésorerie notamment.
Bref pour résumé, l’EURL c’est plus de contraintes (plus de formalités en tout cas) mais aussi plus de potentiel.
La SASU : freelance ou assimilé salarié ?
Si tu es freelance et que tu veux exercer ton activité en créant une société unipersonnelle (une société où tu es seul associé), tu as deux choix possibles : l’EURL (une SARL avec un seul associé) ou la SASU (une SAS avec un seul associé).
Nous avons fait connaissance avec l’EURL. La principale différence entre une EURL et une SASU réside dans le statut social de son dirigeant.
- Si tu optes pour une EURL, tu seras gérant de la société et ton statut social sera celui d’un travailleur non salarié (comme les entrepreneurs individuels).
- Si tu optes pour une SASU, tu seras président de ta société (ça a de la gueule non ?) et ton statut social sera celui d’assimilé salarié.
Concrètement tu seras rattaché au régime général de la sécurité sociale et tu auras la même protection sociale que les salariés, à l’exception de l’assurance chômage dont tu ne pourras pas bénéficier.
Un président de SASU a ainsi les mêmes droits que les salariés classiques en matière de maladie, invalidité-décès, retraite, accidents du travail et maladies professionnelles. Bien évidemment, cette protection a un coût. Le niveau des cotisations sociales en SASU est plus élevé qu’en EURL (environ 70 % du net en SASU contre 45 % du net en EURL).
L’arbitrage entre SASU et EURL ne se fait pas uniquement sur le couple protection sociale / cotisations.
Si le nombre de SAS/SASU créées en 2022 est plus de deux fois supérieurs au nombre de SARL/EURL créées, c’est également parce qu’en SAS/SASU, un président peut faire le choix de se rémunérer en salaire ou en dividendes.
C’est particulièrement avantageux si tu bénéfices d’indemnités Pôle Emploi lorsque tu lances ton activité. Je t’explique.
En France, on bénéficie d’un magnifique soutien quand on veut lancer son activité après une rupture conventionnelle ou un licenciement : Pôle Emploi ! Je dis souvent que c’est le premier incubateur français .
En étant demandeur d’emploi, tu peux créer ton entreprise dans des conditions idéales. Deux possibilités s’offrent à toi :
👉 Bénéficier d’un maintien total de ton allocation de retour à l’emploi (ARE)
Bénéficier d’un apport en capital pour ton projet. Depuis le 26 janvier 2023, tu peux toucher 60 % du reliquat de tes droits au chômage en deux fois. La moitié lors de la création de ton entreprise, l’autre moitié 6 mois plus tard.
Le duo maintien total de ton allocation / SASU est particulièrement intéressant.
En effet, en micro, en entreprise individuelle et en EURL à l’IR, ton chiffre d’affaires vient impacter le montant de ton allocation tous les mois. Cela a le mérite de prolonger la durée de ton indemnisation mais tu peux difficilement faire le choix de vivre avec ton allocation pendant ta période d’indemnisation tout en laissant l’argent de tes premiers contrats dans ton entreprise pour te constituer un matelas de sécurité pour la suite de ton aventure entrepreneuriale.
En SASU et en EURL à l’IS, c’est au contraire possible. Ce qui rend le truc moins cool en EURL à l’IS, c’est les cotisations sociales minimales (même si tu te verses 0 euro de rémunération) qui peuvent dépasser 1 000 euros par an.
C’est pour ça que la plupart des freelances intéressés par cette stratégie de départ optent pour une SASU. A la fin de ton indemnisation, tu peux même faire le choix de te verser en dividendes ce que tu as laissé dans la société si ton activité est sur les bons rails et que tu es confiant en l’avenir.
Alors, convaincu par la création d’une société ? Si tu hésites encore sur le bon statut pour toi, restes avec nous pour la partie 3. Le portage salarial et la coopérative d’activité et d’emploi figurent parmi les options les moins connues. Elles présentent pourtant de nombreux avantages.
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Nous avons eu la chance d’interviewer Hervé Novelli, secrétaire d’Etat en charge des PME, pour fêter les 15 ans de l’auto-entreprise (terme largement préféré par ses créateurs à « micro-entreprise » qui est je le précise chers lecteurs et lectrices, exactement la même...