Pour moi qui ne suis pas issu de la start-up nation et n’ai donc pas toujours le vocabulaire associé, ce n’est pas toujours facile de bien comprendre de quoi il retourne, précisément j’entends.
Il m’a donc semblé fort intéressant, puisque moi-même dans le questionnement, de creuser un peu le sujet de « l’incubation » (je ne suis pas sûr que cela se dise dans ce contexte hein 😊) et d’échanger avec Amokrane AIT Hamouda, notre référent Paris&Co sur le Futur du Travail, qui soutient notre idée folle !
Et comme je suis altruiste, je partage ça avec vous sur l’Archipel😉.
- Chef de projet incubation pour le programme « Futur du travail » au sein de Paris&Co, expliquez nous votre parcours.
- Que proposez -vous au sein de Paris&Co aux Start-ups incubées ?
- Des projets ou des réussites à nous raconter ?
- C’est quoi selon vous les tendances pour le Futur du travail en 2024 et 2025 ?
- Comment rejoindre le Collectif Paris&Co ?
Amokrane, bonjour, vous êtes le chef de projet incubation pour le programme « Futur du travail » au sein de Paris&Co, avant d’entrer dans le vif du sujet, parlez-nous un peu de vous, votre parcours et ce qui vous a amené à vous occuper de ce programme que l’on affectionne particulièrement chez l’Archipel !
Je suis entré dans la vie active après avoir obtenu mon Master relations internationales en 2012 avec pour spécialité les financements multilatéraux. Mon premier emploi était à Bruxelles, où j’ai eu la chance de côtoyer de nombreux entrepreneurs.
Je me suis rendu compte que derrière un bilan comptable, les modes de financement, ou encore le droit, il y avait des personnes avant tout qui avaient des projets, une ambition forte. Cela m’a beaucoup intéressé. Quand je suis revenu à Paris, je voulais trouver un job qui me correspondait, qui avait « un sens ».
J’ai rejoint le réseau BGE qui est un réseau associatif national d’aide à la création d’entreprise et à l’accompagnement de personnes de tous horizons. L’objectif de la BGE est de rendre l’entrepreneuriat accessible à tous, le concept m’a beaucoup plu. J’ai donc, pendant quelques temps, accompagné et formé de nombreux futurs entrepreneurs. J’ai ensuite travaillé en tant que consultant expert au sein d’Alixio group. J’avais la charge d’accompagner la restructuration dans les entreprises en difficulté où des licenciements étaient prévus. Je devais faire en sorte que cela se passe le mieux possible pour les salariés.
Cette expérience précieuse m’a confronté à la question RH, la stratégie sociale, l’accompagnement au changement, à l’emploi et à l’insertion professionnelle. J’ai compris à ce moment-là que le responsable des ressources humaines était finalement le premier acteur de l’insertion en France, pour peu qu’on lui en donne les moyens.
J’ai voulu ensuite à nouveau travailler dans l’accompagnement entrepreneurial à proprement parler, et j’ai vu qu’à Paris&Co il y avait une proposition d’emploi dédiée à la fonction RH, l’insertion, et l’entrepreneuriat, j’ai postulé immédiatement.
Que proposez-vous au sein de Paris&Co aux start-ups incubées ?
Paris&Co accompagne à la fois des entrepreneurs, des grandes entreprises, des organisations publiques ou encore des territoires. Nous contribuons avec eux au déploiement de solutions durables, au service des transitions économiques, environnementales et sociales. Nous soutenons le développement des startups incubées via nos programmes d’accompagnement sectoriels. Aujourd’hui Paris&Co dispose d’une expertise d’accompagnement d’entreprises dans une dizaine de secteurs différents dont celui du futur du travail qui vous intéresse plus particulièrement chez l’Archipel et pour votre projet OTTO.
Concrètement nous aidons les entrepreneurs à atteindre leurs objectifs de développement à travers un accompagnement quotidien, l’organisation de rencontres avec les autres dirigeants de nos programmes, des acteurs de leur secteur d’activité ou des experts sur différentes thématiques (levée de fonds, droit, finance, comptabilité, marketing …)
Le programme Futur du travail facilite par exemple les rencontres entre les fondateurs des start-ups du programme et des DRH de grands comptes comme l’APEC, l’ANDRH, l’AFPA, Métro …
Être entrepreneur, ça s’apprend : il y a des bonnes pratiques à connaître, il faut être capable de se remettre en question, de pivoter. Notre travail est de faire en sorte que l’entrepreneur ne se sente pas seul au quotidien, de challenger ses décisions et de l’aider à prendre de la hauteur.
Paris & Co, c’est un écosystème où les gens peuvent se parler, échanger et collaborer ensemble.
Il y a de nombreuses synergies possibles entre nos différents programmes. Par exemple si l’on prend le programme « futur du travail/RH », et celui dédié à la santé, des actions en santé au travail peuvent être menées par deux entreprises incubées chez nous. Si on ajoute la dimension du secteur « ville durable », on peut se poser la question de comment on travaille dans les villes aujourd’hui, avec la question du télétravail et plus globalement de la mobilité.
Enfin, et c’est important, nous proposons des solutions aux entreprises que nous incubons :
- Solution d’hébergement pour les start-ups à des prix très avantageux ;
- Accès facilité à des subventions comme le FPI, fond parisien pour l’innovation soutenu par la BPI ;
- Et des offres intéressantes pour les entreprises auprès de partenaires dans différents domaines, tech, comptables, juridiques …
Y-a-t-il des projets qui vous ont particulièrement marqué ces dernières années ? Des réussites à nous raconter ?
Dans le programme Futur du travail, une entreprise m’avait particulièrement marquée. Elle a conçu un dispositif de repérage des troubles musculo squelettiques grâce à un système de mesure de la vibration des muscles.
Je trouve intéressant de réfléchir à des projets qui concernent des personnes qui ne sont pas forcément dans les bureaux.
D’autres start-ups se sont spécialisées dans la récupération de data pour aider les RH à prendre en compte certaines données jusque-là impossible à mesurer. En effet, les équipes RH sont beaucoup sollicitées mais très mal outillées.
Quelques exemples d’entreprises que nous avons incubées à Paris&Co :
- Goshaba qui propose une solution de recrutement originale et ludique automatisée, basée notamment sur les softs skills ;
- Datarockstars: PME innovante qui propose des formations aux métiers de la data, de l’IA et de la cybersécurité de tous niveaux, notamment débutants. Ils ont également un jobboard (plateforme d’emploi) dédié aux candidats qui recherchent du travail dans ces domaines.
C’est quoi selon vous les tendances pour le Futur du travail en 2024 et 2025 ?
Les tendances ont pas mal évolué ces derniers temps sur le sujet du travail. Aujourd’hui on a encore du mal à savoir vers où on va, et surtout comment l’on s’y rend (Rires). Mais l’incertitude est aussi source d’opportunités pour les plus clairvoyants, et de nombreux entrepreneurs essaient d’anticiper ou de dessiner les futures tendances.
De mon prisme, je dirais que les RH sont pas mal challengées sur la question de la RSE qui est un domaine rarement pris en compte dans sa globalité. Le volet social est souvent vu comme une dépense or dans l’entreprise il faut au contraire le voir comme un investissement. L’argent consacré à la formation des personnes, à l’accompagnement aux nouvelles technologies et à d’autres sujets actuels comme l’écologie, c’est de l’investissement social humain à forte rentabilité selon moi ! Il faut également que les entrepreneurs adressent la question de la transition écologique et apportent leur pierre à l’édifice. Chez Paris&Co, nous accompagnons prioritairement les startups qui portent ces sujets.
L’IA générative aussi va être un véritable enjeu, à la fois éthique et social. Comment on l’aborde, qu’est-ce qu’on en fait, notamment dans le monde de l’entreprise. Je suis pour ma part ce que l’on appelle un « tech enthousiaste », je vois toujours la technologie comme une source d’opportunités, et de mieux vivre pour les personnes, à condition de bien l’utiliser. C’est formidable de supprimer des tâches difficiles ou rébarbatives qui ne servaient à rien, c’est du temps pour faire autre chose mais il faut qu’il y ait autre chose justement. La RH, à nouveau, sera au cœur du sujet et de ces transformations.
Enfin je partage avec vous une conviction : plus il y aura un monde du travail sain et inclusif, plus l’entreprise sera performante. Certaines grosses entreprises ont assis la base de calcul de la rémunération variable des dirigeants sur la notation sociale, c’est un début.
Chez Paris&Co on remarque que de plus en plus de start-ups nous adressent des projets qui sont très « valoriels », la tech se met au service des questions économiques ET sociales.
Un dernier mot : comment vous rejoindre pour celles et ceux que cela pourrait intéresser ?
C’est très simple ! Il suffit de candidater sur notre site internet et de nous faire parvenir un pitch deck présentant ce que vous faites, comment vous le faites, vos valeurs …
Les candidatures sont ensuite examinées par un jury composé d’acteurs du secteur : business Angel et fonds d’investissements, mais pas que : des représentants de l’APEC, le DRH d’un gros groupe, d’experts de votre secteur d’activité …
Nous organisons 2 sessions par an mais il est possible de candidater tout au long de l’année.
Pour vous donner un ordre d’idée, nous retenons en moyenne 3 projets sur 10 environ. Sur le programme Futur du travail nous sélectionnons entre 20 et 30 projets par an et entre 400 et 500 projets pour l’ensemble des programmes de Paris&Co.
On ne s’ennuie pas c’est certain, et nous recevons chaque année toujours plus de propositions intéressantes, c’est réellement passionnant !
Vous pouvez également retrouver toutes nos anciennes interviews ici !